Intelligence économique : où en est la Tunisie
L’intelligence économique, qui est déclinée dans la terminologie anglaise en « Business Intelligence » (BI), a été perçue dans la communauté scientifique comme étant l’activité de production de connaissances servant les buts économiques et stratégiques d’une organisation.
Poser « une stratégie économique » cela nécessite de disposer d’un maximum d’informations pertinentes. Le rôle de l’intelligence économique est donc de fournir aux décideurs des informations pertinentes synthétisées et orientées. Ces informations constituent une source indispensable pour prendre la bonne décision permettant d’engager la pérennité de l’organisation.
L’intelligence économique s’entend sur deux niveaux :
- Le niveau entreprise : l’ensemble des stratégies, actions et moyens mis en place par l’entreprise
- Le niveau institutionnel : la stratégie de l’Etat
Nous intéresserons, dans ce qui suit, au niveau institutionnel.
Au niveau international, les grandes puissances économiques ont massivement investi dans des stratégies d’intelligence économique, et ont consacré des moyens considérables à cet effet.
Tous les moyens ont été déployés pour soutenir au mieux les acteurs économiques (en particuliers les grands groupes), même les agences de renseignement ont été mise à contribution.
On trouve alors : des think-tanks, des réseaux d’influences, des formations universitaires spécialisées, des agences de renseignement, etc.
En effet, les enjeux économiques sont colossaux et la concurrence et très féroce : on parle même de « Guerre économique ».
A titre d’exemple, les contrats d’armement ou d’avions font l’objet de lutte acharnée entre les différents concurrents, qui déploient tous leurs moyens pour signer des contrats. Leurs Etats, n’hésitent pas à mettre à leur disposition les ressources dont ils disposent : diplomatie, réseaux d’influence, renseignement, voir espionnage.
En Tunisie, on n’observe aucune volonté politique claire ni même un intérêt quelconque envers les enjeux de l’intelligence économique.
Ceci est d’autant plus inquiétant que tous nos « concurrents » ont pris une large avance sur nous dans ce domaine. Cette avance se ressent de plus en plus, en particulier dans le domaine des investissements étrangers directs et le tourisme.
Certes, des initiatives sont lancées par des professionnels et des universitaires, mais elles restent isolées et sans lendemain avec l’absence de réactivité des pouvoirs publics.
L’effet structurant de l’action publique est essentiel pour intégrer et soutenir les différentes initiatives et surtout mettre en place une stratégie claire avec des objectifs et des moyens bien identifiés.
Notre pays est en passe de réussir sa transition politique, il lui reste le défi économique et social relever. On a tous les atouts, au premier rang desquels la liberté, pour y parvenir.